Constant Tchouassi: "Le rEsultat est toujours la consEquence d'un processus."

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Le technicien franco-camerounais, qui a porté Mende Volley Lozère aux portes de la MSL en 2023, élu meilleur entraîneur de Ligue B dans le même temps, titré ensuite vice-champion d’Allemagne avec Friedrichshafen et devenu formateur auprès de la Fédération internationale, s’est engagé avec les Dragons de l’AS Cannes VB dans le projet Cannes Volley de l’investisseur australien Craig CARRACHER, et du Directeur Général Amaury DELBART pour cette saison 2025/2026. Il s’exprime, avec son regard porté vers l’avant, plein de fraîcheur et de bienveillance, se sentant privilégié d’être dans un club aussi ambitieux et prestigieux. En exclusivité pour cannesvolley.com.


« Bonjour Constant, depuis vos débuts comme coach à Mende en 2011, en passant par Friedrichshafen comme adjoint et la formation à la FIVB, maintenant le projet Cannes Volley, quel parcours ! Bienvenue à Cannes. » Constant Tchouassi: « C’est un vaste projet novateur, si Craig CARRACHER et Pierre PUJOL sont venus me chercher, c’est parce qu’il connaissent ma philosophie, ils connaissent mon parcours, ma personnalité, et mon éthique du travail. Avec leur discours et la manière dont le projet a été présenté, j’ai tout de suite vu que c’était un projet qui était à la hauteur de mes attentes, en rapport avec mes convictions. Je me situe là, en essayant d’être au niveau sportif la pierre angulaire, celui qui va essayer d’apporter une vision pour que l’équipe professionnelle et le club performent à un très haut niveau. Le fait également que Cannes soit un club formateur, et que j’ai cet ADN là, doit aussi nous permettre d’avoir toujours des joueurs à potentiel pour pouvoir garder le club au plus haut niveau. Je pense que mon esprit de compétition, mon envie de gagner, face à ce ce que l’AS Cannes me propose aujourd’hui, je me retrouve complètement. »


« On parle de vous avec les mots philosophie, éthique…Quels sont vos principes de fonctionnement personnels, avec votre staff, votre équipe ? CT: « Déjà dans ma manière de fonctionner, avec mon staff, le collectif ou dans le développement de l’individu, tout ce qui m’intéresse, c’est l’étincelle. Je cherche l’étincelle, une fois que je l’ai trouvée, je vais l’atiser, je vais mettre de l’huile pour qu’elle devienne une flamme incandescente. A partir du moment où j’ai l’étincelle, après c’est mon travail, je vais faire le boulot. Mon management de jeu est basé sur l’humain. Le talent lui-même de façon brute, je n’y crois pas. C’est le talent accompagné avec l’éthique du travail, les valeurs, l’effort qui me parlent en fait. On a construit un staff qui est assez hétérogène avec des gens qui viennent de différentes cultures, avec différents « backgrounds », ce qui nous permet vraiment de pouvoir (ap)prendre des uns et des autres. L’’idée est que chacun puisse se sentir bien dans le projet et apporte sa pierre à l’édifice. Nos moyens ne sont pas illimités et l’idée a été d’aller chercher des joueurs qui ont un fort potentiel, avec la mentalité que l’on préconise. Et surtout une marge de progression qui doit nous permettre de commencer la saison à un certain niveau et de finir avec un niveau exceptionnel. La base de notre recrutement s’est faite sur ce type de joueurs, qui rentrent dans la philosophie de travail et la discipline mises en place. Mon rôle est d’amener une nouvelle vision du volley, une nouvelle façon d’entraîner, comme j’ai pu le faire en Tanzanie cet été pour la FIVB. Ma philosophie est souvent basée sur du jeu sans ballon, sur du mouvement. Je fais toujours le parallèle avec la musique. Pour moi une équipe de volley c’est comme un orchestre. Il n’y a pas de petits instruments dans un orchestre. Si vous prenez les meilleurs artistes du monde, et que vous les faites jouer ensemble, ils joueront. Pour exécuter la meilleure partition à l’unisson, ils doivent s’entraîner, quel que soit leur talent individuel.


« Quel sera le jeu des Cannois cette saison ? » CT: « En tant qu’entraîneur, l’idée est déjà d’avoir une vision précise du jeu, je pense que nous l’avons à l’AS Cannes Volley-ball et nous souhaitons jouer un volley qui sera bon pour le public, où il y aura beaucoup de mouvement, un bon jeu de transitions, où les gens pourront se retrouver dans l’effort et l’attitude que nous auront lors des entraînements et des matchs. Le juge de paix sera toujours la victoire… »


« Quels sont les objectifs pour les Dragons cette saison, en Marmara Spike Ligue, et en Coupe de France ? » CT: « Pour moi c’est une question, je ne sais pas si on peu dire « obsolète », mais elle ne me parle pas. Pourquoi ? Dès que l’on va parler des objectifs, je serai toujours la moins bonne personne à qui il faudra poser la question. Parce que je pars toujours du principe qu’à partir du moment ou on s’est fixé un objectif, on s’est fixé forcément une limite. Et je fais partie des gens qui n’ont pas de limites, qui ne se fixent pas de limites. L’idée est toujours de tirer la quintessence du groupe au maximum de ses possibilités et espérer avoir un résultat en adéquation avec les efforts que nous avons mis en place. Après je suis à l’écoute de ma hiérarchie pour me dire: « voici ce que l’on veut atteindre cette année… ». Ça a toujours été ma mentalité, de vouloir dépasser ce que l’on m’a proposé. Moi je vais essayer d’aller au-delà de ce que propose le club. En ce qui me concerne avec notre groupe, mon staff, on n’a vraiment pas de limites, on va aller au maximum de ce que l’on veut faire et on va être compétitifs de la première jusqu’à la dernière journée du championnat, et avoir le sentiment de tout donner à chaque entraînement. Parce que notre ADN il est là, dans le quotidien. » 


Vous responsabilisez beaucoup l’équipe. Comment ont-ils réagi à votre discours ? CT: « Oui je responsabilise beaucoup parce que le projet d’équipe, il a été conçu par les gars. Nous, le staff, avons construit notre philosophie et notre projet de jeu en fonction de ce qu’ils ont décidé. Donc le cadre c’est eux qui l’ont mis. Notre travail est de faire en sorte qu’ils restent dans le cadre qu’ils se sont fixés. Je suis agréablement surpris par le fait que les joueurs trouvent qu’il s’entraînent beaucoup plus dur, qu’ils s’entraînent bien et sont heureux. Ils sont ouverts à l’idée de pouvoir aller au-delà de ce qu’ils étaient habitués à faire. Et ça c’est une grande chance de pouvoir avoir des joueurs aussi intelligents. J’ai un management d’équipe, tout le monde doit se sentir bien dans le projet, et appartienne au collectif. Chacun doit faire les efforts qu’il faut, chacun a un rôle. » 


Constant Tchouassi c’est exigence et confiance, mais aussi formation et partage… CT: « C’est mon ADN parce que je suis toujours parti du principe que dans mon équipe, tous les joueurs doivent progresser, indépendamment du résultat, et tout le monde doit sentir que j’ai un regard paternel envers eux. Ça n’a rien à voir avec le volley, nous sommes dans l’humain et si vous arrivez à coacher l’humain, le reste est plus facile. C’est ma nature, j’aime plus donner que recevoir, je prends mon plaisir comme ça et j’ai la chance d’être bien entouré, car mon adjoint, Fred Trouvé, est également dans cette philosophie. Nous sommes aussi bien entourés par Pierre Pujol qui connaît parfaitement le haut niveau et qui voit exactement ce qu’on fait. Il sait où on veut aller ensemble. C’est un très beau projet! » 


Merci Constant Tchouassi pour cet échange très dense et très riche, qui permettra de comprendre la philosophie du néo-coach cannois. Un coach que vous verrez peu en découdre avec le coach adverse lors des matchs, ou râler après l’arbitre, concentré sur son équipe. Un de ses mantras, considérant qu’il est l’apanage de celui qui veut se rassurer. De même, ayez toujours à l’esprit que le résultat est la conséquence d’un processus. Bonne saison coach! YL